DOSSIER COMMERCE INTERNATIONAL leurs collègues français sont moins pressés de rayer Strasbourg de la carte parlementaire. Pourtant, le principal obstacle au retrait de Strasbourg des traités européens réside dans l’obtention d’un accord unanime de la part des 28 Etats membres. Les Français savent aussi que la prospérité de la ville dépend pour une part de la présence de ces 750 députés, ne fût-ce qu’une semaine sur quatre. Strasbourg héberge déjà le Conseil de l’Europe et quelques autres institutions pan-européennes indépendantes. Il n’empêche : les édiles de la ville, les entreprises de la région et la population locale comptent sur le PE pour soutenir l’économie locale. Une compensation ? Les partisans du siège unique ont avancé une série de propositions pour préserver l’économie locale, notamment une compensation sous la forme de l’établissement d’une université européenne d’élite, en complément de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. D’autres propositions font mention d’un Institut Technologique Européen à Strasbourg ou du déménagement vers cette ville d’une institution existante telle que le Conseil Européen de la Recherche, le Comité des Régions où même les quartiers généraux de l’Union pour la... Méditerranée (en gestation) ! En tant que siège unique du Parlement européen, Bruxelles bénéficierait pour sa part de revenus complémentaires en raison de la présence continue des députés. Les seuls vrais perdants seraient les agences de voyages et les entreprises de transport. Les députés ont beau être plus ou moins d’accord sur le choix de Bruxelles, le débat reste vif. La campagne en faveur d’un siège unique pour le PE (www.singleSeat.eu) est menée par un comité directeur composé de 24 députés et de 6 coprésidents. Parmi eux, l'Ecolo belge Isabelle Durant dirige en outre une task force visant l’implantation dans la capitale belge, avec le soutien de politiciens locaux tels que le vice-premier ministre Didier Reynders, Guy Van Hengel et cinq autres ministres de la Région de Bruxelles-Capitale. L’une est Alsacienne, l’autre Belge : Catherine Trautmann et Isabelle Durant ne sont pas d’accord. Dans le camp adverse, Catherine Trautmann, originaire de Strasbourg, ancienne députée européenne et ancienne ministre de la Culture française. Elle dirige le lobby pro-Strasbourg avec un budget de 50.000 euros alloué par le gouvernement français. Frustration Dans l’attente d’une décision des 28 États membres, la frustration des députés saute aux yeux. La Britannique Kay Swinburne a parcouru des milliers de kilomètres entre la Belgique et l’est de la France. « Ce trajet parcouru pendant cinq ans est totalement absurde », dit-elle. « Il n’y a pas que le gaspillage de centaines de millions d’euros chaque année : l’interruption du programme de travail pèse tout aussi lourd. » « La campagne en faveur d’un siège unique dure depuis des années », constate le Français Christophe Leclercq, fondateur d’EurActiv.com, un réseau média couvrant 12 pays. « La réduction des frais de voyage et des rejets de CO2, les gains de temps pour les députés et les collaborateurs, tout cela relève du bon sens mais se trouve entravé par des contingences légales et politiques. Ce sont les Traités qui ont imposé les trois sièges, à Bruxelles, Strasbourg et Luxembourg. » « Strasbourg symbolise les anciennes guerres franco-allemandes réincarnées sous la forme de paix et de démocratie », explique Leclercq. « La paix, leitmotiv de Strasbourg, relève du Conseil de l’Europe, établi dans la cité rhénane. La démocratie est la mission de Bruxelles, notamment par le contrôle du parlement et des médias sur les stratégies de la Commission européenne. » « Je ne connais pas d’autres exemples d’un parlement aussi éloigné de son gouvernement. Le renforcement de la démocratie et de l’efficacité dans l’UE pourrait constituer la meilleure approche du dilemme du siège unique. » Le britannique Benjamin Fox, journaliste à l’EUobserver déclare : « Après avoir passé une journée entière à voyager en raison de liaisons mal fichues, les députés et leurs collaborateurs débarquent dans des bâtiments fantômes en périphérie de la ville, où les bureaux sont aussi attrayants (et spacieux) qu’un placard à balais. Les réunions de comités et les débats se poursuivent jusque tard dans la nuit, remplaçant pendant toute une semaine les heures de sommeil par une frénésie dopée à la caféine. » Richard Hill 33 David Iliff - license: CC-BY-SA 3.0 AG Gymnasium Melle N°10 - DÉCEMBRE 2014 - ENTREPRENDRE Pagina 34

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