Le Parvis, où bat le cœur de Saint-Gilles : commune en voie d’embourgeoisement ? « Procès stupide », répond le bourgmestre. THINK TANK - HOMMES ET FEMMES DE POUVOIR Charles Picqué : « Saint-Gilles se porte bien mieux qu’avant » On écouterait Charles Picqué pendant des heures. Non seulement parce qu’il a l’art de conter, mais aussi parce que sa culture politique encyclopédique lui permet les mises en perspectives les plus intéressantes. Exercice difficile donc de n’interviewer que le bourgmestre de Saint-Gilles quand votre interlocuteur est le grand architecte de la RBC telle qu’on la connaît aujourd’hui. Propos recueillis par Didier Dekeyser Bruxelles métropole : Saint-Gilles a changé : de commune populaire elle est devenue aussi « branchée » qu’Ixelles. Se porte-t-elle mieux qu’avant financièrement parlant ? Charles Picqué : Saint-Gilles se porte bien mieux qu’avant. Autrefois parmi les plus pauvres, la commune a vu ses recettes fiscales générées par les revenus de ses habitants augmenter de 17 % en 5 ans, alors que la moyenne régionale est négative. Cependant, elle reste fragile car il s’agit de la commune qui « consomme » le plus par habitant en termes de police et d’actions sociales. En outre, elle n’a pas les mêmes ressources fiscales que d’autres communes car, si elle accueille de nombreux bureaux, beaucoup sont des mainmortes (la gare du midi, diverses administrations, la prison, etc.). Il y a donc redressement spectaculaire d’un côté mais peu de prise sur la pérennité des ressources de l’autre. Or, nous rencontrons ici les mêmes problématiques que le centre ville dont Saint-Gilles est, finalement, le prolongement. D’aucuns vous reprochent de favoriser la « gentrification » de votre commune, regrettant, semble-t-il, le temps où des quartiers regroupaient des classes très populaires… C’est un procès stupide, qui procède d’une 8 BECI - Bruxelles métropole - janvier 2015 vision pittoresque et revisitée d’un passé pourtant peu idyllique. Et cela néglige complètement le fait qu’une grande ville est emportée naturellement dans une dynamique du changement permanent. Que souhaitent ces détracteurs idéologues ? Que l’on enferme les pauvres dans des quartiers réservés ou préservés ? Là serait la véritable exclusion. Le brassage social est une richesse. Ainsi, l’arrivée d’une autre catégorie de population s’accompagne souvent de nouvelles demandes qui peuvent mener à une requalification de l’offre scolaire, à une revalorisation de l’espace et des équipements publics, etc. Elle procure aussi des recettes fiscales nouvelles qui peuvent être affectées aux plus démunis et faciliter précisément une mixité sociale harmonieuse. C’est ce qui permet, par exemple, de proposer plus de 800 logements (!) de notre Régie foncière communale à des loyers très modérés, en plus des logements sociaux. J’ajoute que, s’il y a eu une mutation de population, SaintGilles reste une des communes du Royaume qui consacre le plus de dépense sociale par habitant. À ceux qui crient au complot de la gentrification, je dirais volontiers de venir flâner chez nous pour percevoir et comprendre la plus-value sociale créée par la variété de notre population. D’ailleurs je dirais que Saint-Gilles n’est pas branchée mais vivante, tout simplement. Vous parlez de consommation de budget en termes de police. Pourquoi est-elle élevée à SaintGilles? Une part de notre usage de la police est une charge. Nous devons en effet mobiliser nos agents s’il y a une manifestation, même sans lien avec la commune, par exemple lors Pagina 9
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