THINK TANK de sommets européens, ou encore lorsqu’on participe aux transferts des prisonniers vers le Palais de Justice. Par ailleurs, le nombre d’interventions augmente avec la croissance du rôle international de Bruxelles et celle de la population. Or, nous agissons toujours dans le cadre de la norme KUL pour le financement des zones de police par le Fédéral. C’est un financement défavorable aux grandes villes, ce qui est plutôt paradoxal, et nettement insuffisant : nos zones sont financées à concurrence de 32 % par le fédéral contre 45 % en Wallonie et 35,5 % en Flandre. La norme ne prend même pas en compte les navetteurs quotidiens, or c’est le flux de personnes le plus important du pays. Ainsi, le nombre d’usagers de la gare du Midi dépasse largement celui de notre population. La SNCB a un rôle majeur à jouer dans le redéploiement du quartier du Midi ; or ses budgets vont être rabotés et Bruxelles ne semble pas être son plus grand centre d’intérêt. Elle ne semble d’ailleurs pas pressée de concrétiser son projet de nouvelle gare. Y-a-t-il péril en la demeure ? Le quartier a attiré de nouveaux habitants, des Français urbains notamment, et des investisseurs. Ce qui manque, c’est de l’investissement public, dont surtout la rénovation de cette gare. Et, en effet, la réduction de l’enveloppe SNCB peut inquiéter. Pourquoi ? Parce que la SNCB est propriétaire de terrains aux alentours de la gare, sur lesquels elle pourrait être tentée de spéculer pour payer le ferroviaire. Or un urbanisme du rendement passe, exclusivement aux yeux de certains, par du bureau. Ce n’est évidemment pas ce que la Région souhaite, non seulement parce que l’offre de bureaux est suffisante à Bruxelles, mais surtout pour l’avenir du quartier qui doit offrir une mixité de fonctions. La Région et Saint-Gilles se concertent aujourd’hui pour élaborer un schéma directeur pour la gare et ses abords. Le dossier est sensible et les asymétries politique fédéral/Régions ne faciliteront certainement pas les éventuelles négociations ultérieures. Les fonds Beliris ne risquent-ils pas aussi de souffrir de cette asymétrie, voire de l’hostilité du gouvernement vis-à-vis de la Région? Beliris doit servir au rayonnement de Bruxelles sur les scènes nationale et internationale. En clair, c’est une contribution du fédéral pour l’usage qu’il fait de Bruxelles ; elle est tout à fait fondée si l’on songe que nos infrastructures profitent à tout le pays, notamment aux usagers de Bruxelles qui habitent dans d’autres régions et ne paient pas d’impôts chez nous. Nous sommes aussi la vitrine du pays à l’étranger. Actuellement, 125 millions par an sont prévus pour des projets dans le domaine de la mobilité, des espaces verts, de la culture, etc. Cela nous soulage de certaines charges. Mais Beliris est une administration fédérale. Les Bruxellois, via leur parlement, sont bien sûr les plus à même de déterminer l’usage qu’ils peuvent faire de ces fonds, mais nous verrons rapidement si le gouvernement fédéral actuel l’entend de cette oreille. Nous verrons ce qu’il entend faire de Bruxelles et si la qualité de vie des Bruxellois, que nous avons améliorée substantiellement via les contrats de quartiers par exemple, entre dans ses préoccupations. S’il adopte, ce que je crains, une vision utilitariste de Bruxelles, comme ce fut le cas autrefois, la Région a beaucoup à y percevoir et comprendre la plus-value sociale créée par la variété de notre population. À ceux qui crient au complot de la gentrification, je dirais volontiers de venir flâner chez nous pour e Heysel, la Grand-Place et des voies rapides pour entrer et sortir de la ville ». C’est cette méconnaissance totale de Bruxelles qui est à craindre. Or, en Wallonie mais plus encore en Flandre – c’est incroyable! –, on ignore souvent tout de la capitale. Voyez les voyages en bus organisés par l’administration flamande pour faire visiter Tour & Taxis aux fonctionnaires du CCN, qui doivent déménager leur lieu de travail, à 500 m de là! Parallèlement et paradoxalement, des Français s’installent en masse chez nous et plébiscitent la qualité de vie bruxelloise… perdre. Cela réduirait son attractivité pour ses habitants et pourrait l’affaiblir considérablement, car la qualité de vie doit aller de pair avec la vocation économique et internationale de Bruxelles. Un non-Bruxellois me disait récemment : « Ce qui m’intéresse à Bruxelles, c’est l l e quartier européen, La prison de Saint-Gilles a fait l’objet de grandes déclarations mais il semble que son sort ne soit pas encore fixé. L’hypothèse de son maintien ne doit pas être écartée. C’est une responsabilité du fédéral. Si elle ne l’est pas, c’est une occasion unique de créer un nouveau quartier sur une surface assez rare à Bruxelles. Ce que l’on peut craindre, ici aussi, c’est que le fédéral n’envisage que l’aspect « recettes immobilières » d’une reconversion du site, c’est-àdire veuille y installer des bureaux, avec les infrastructures nécessaires comme l’accès par voieries adaptées, ce qui mettrait vraiment à mal ce quartier très urbain. Nous, nous voulons y créer un vrai quartier de vie et c’est ce que nous défendrons ardemment. ● BECI - Bruxelles métropole - janvier 2015 9 Pagina 10

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