DOSSIER COMMERCE INTERNATIONAL Europe-Russie : 28 fruits de mer, les produits laitiers et les céréales destinées à l’alimentation animale. Arkady Arianoff est General Manager de la Chambre Belgo-luxembourgeoise de Commerce pour la Russie et la Biélorussie. Il fait les comptes : « Les pertes des producteurs belges atteindront 200 millions d’euros, sans tenir compte de l’impact négatif sur l’emploi, voire des faillites éventuelles en raison des investissements colossaux consentis par certaines entreprises et quelques abattoirs pour être en mesure de fournir à la Russie. Trois à quatre mille emplois pourraient être en jeu. » L e boycott russe frappe les produits agricoles et horticoles, la viande, les déchets d’abattoirs, les Ce n’est pas tout, malheureusement. M. Arianoff constate que l’embargo européen sur l’exportation de marchandises à double usage fera mal, lui aussi. « Les sanctions économiques européennes à l’encontre de la Russie se font ressentir sur l’industrie belge, et tout particulièrement les entreprises technologiques qui se spécialisent dans des domaines tels que l’aérospatiale, l’aéronautique et l’armement. Je ne dispose pas de montants exacts quant aux pertes financières dans ce domaine, mais je puis dire qu’en fonction des chiffres de ventes 2013, les pertes devraient se situer entre 25 et 35 %, soit 500 millions d’euros. » Les compensations ne suffisent pas Nous nous sommes adressés à une série d’entreprises belges, notamment des horticulteurs. La plupart ont refusé de commenter la situation (ou alors de manière anonyme) : « Les Russes lisent aussi ce que vous publiez. » Nous apprenons chez Caterpillar que l’entreprise a déjà une longue histoire opérationnelle en Russie et qu’elle soutient totalement ses collaborateurs l’escalade ne profite à personne La guerre des sanctions commerciales que se livrent l’Union européenne et la Russie, en raison du conflit ukrainien, ne fait guère d’heureux. Par-delà l’interdiction russe d’importer des produits agricoles, nous subissons les conséquences d’un embargo partiel sur l’exportation vers la Russie de biens à double usage (civil et militaire). Les entreprises belges sont très inquiètes. A raison ? Fin août, BECI organisait, en collaboration avec la Chambre belgo-russe, une table ronde sur les sanctions réciproques entre la Russie et les pays de l’Union européenne. et consommateurs locaux, tout en se conformant aux directives de l’Union européenne. Caterpillar admet que ses ventes dans la Communauté des Etats Indépendants (qui regroupe 9 États de l’ex-URSS) ont décliné en raison de l’instabilité politique dans la région, mais affirme que cela n’a pas d’impact négatif sur son chiffre d’affaires mondial. Le Ministère des Affaires Etrangères indique quant à lui que les exportations vers la Russie avaient déjà fortement diminué au cours du premier semestre 2014, donc avant l’entrée en vigueur des sanctions. Cela pourrait signifier que la situation économique en Russie n’est plus si favorable. Une task force de l’Union européenne a examiné l’impact de la politique des sanctions, secteur par secteur, et a cherché à savoir quelle assistance porter aux entreprises européennes touchées. Arkady Arianoff estime que les compensations financières promises à notre secteur des fruits et légumes sont totalement insuffisantes. « Elles sont non seulement trop limitées, mais aussi trop axées sur des pays spécifiques tels que l’Espagne, le Portugal, l’Italie et la Grèce. » De nouveaux débouchés ? Les mesures de soutien sont donc insuffisantes : 125 millions d’euros ont été libérés pour compenser un manque à gagner estimé à 5 milliards d’euros pour l’Union européenne et 280 millions rien que pour la Belgique. Quelle solution prévoir pour les producteurs de fruits – essentiellement des poires – qui, dans certains cas, exportent jusqu’à 90 % de leur production vers la Russie ? Arkady Arianoff : telles que ‘Mangez des fruits belges’ ou ‘Consommez tous les jours des pommes et des poires de chez nous’ sont bien sympathiques, mais n’apportent même pas l’ébauche d’une solution. L’alternative consiste à chercher de nouveaux débouchés, mais il reste à vérifier si cela fonctionnera à court terme, puisque les produits horticoles et agricoles sont périssables. Une autre formule contourne l’embargo en passant par la Biélorussie, le Kazakhstan ou l’Ukraine, comme étapes intermédiaires. On trouve par exemple dans les magasins russes du saumon norvégien avec la mention ‘made in Kazakhstan’ sur l’étiquette. C’est véridique. La Russie a cependant déjà réagi contre cette exportation faussée. « Certaines initiatives N°10 - DÉCEMBRE 2014 - ENTREPRENDRE Pagina 29

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