Beci HOMMES ET FEMMES DE POUVOIR Benoît Cerexhe, bourgmestre de Woluwe-Saint-Pierre C’est un marathonien de la politique : depuis son premier emploi politique (à 21 ans !), il a arpenté la fonction publique jusqu’à atteindre la position enviée de Ministre de l’Économie bruxelloise. Saint Graal ? Que nenni : Benoît Cerexhe crée la surprise en 2012 lorsqu’il décide de renoncer aux feux de la scène pour se consacrer au mayorat de sa commune. Retour aux sources et, dira-t-il, besoin de sentir la finalité humaine de son action politique. 8 Entreprendre : Quelle est la motivation de votre retour à Woluwe-Saint-Pierre, où avait débuté votre carrière politique ? Benoît Cerexhe : Être bourgmestre, c’est d’abord la réalisation d’un rêve d’enfance : nous parlions beaucoup de politique dans ma famille et ce rôle local nous a toujours paru essentiel. C’est de fait un des plus beaux mandats politiques : vous êtes en prise directe avec la vie quotidienne des gens, il y a des décisions à prendre, leur application est immédiate… Bref, vous êtes dans l’irrémédiablement concret et ça, ça me passionne ! À un autre niveau de pouvoir, celui de ministre en l’occurrence, la complexité du processus décisionnel peut être frustrante. Ce n’en est pas moins enthousiasmant, preuve en est que j’ai exercé les mêmes compétences pendant deux législatures, soit neuf années consécutives ! Je suis d’ailleurs très satisfait du travail accompli malgré cette complexité, notamment des réformes apportées en matière d’emploi et de la création de 60.000 emplois nets entre 2004 et 2013. En quoi votre direction de la commune se différenciera-t-elle de celle de votre prédécesseur ? Mon projet est de faire évoluer ma commune vers plus de convivialité, de la rendre plus accessible, plus utilisable, plus vivante aussi, notamment en ouvrant ou réaménageant des espaces de convivialité, en créant du logement pour la classe moyenne, en proposant aussi aux habitants de donner leur avis sur les initiatives prises par le collège. Nous avons, par exemple, lancé un concours d’architecture pour repenser la place des Maïeurs et la place Dumon, lieux emblématiques de la commune. La place des Maïeurs n’a jamais été Il faudra bien envisager d’envoyer des avions vers d’autres aéroports ou, au moins, de solliciter d’autres routes. terminée, ce qui explique son bâti hétérogène et la difficulté de la définir comme place lorsqu’on la voit ; la place Dumon est un centre de commerces très important de la Région mais son aménagement est vétuste et, finalement, peu convivial. Réaménagée, elle pourra certainement accroître sa zone de chalandise et être plus agréable aux habitants. Les projets d’architectes ont été soumis aux gens et plus de 1.500 personnes ont participé à un vote de préférence, ce qui est un très beau score. Woluwe-Saint-Pierre n’échappe pas à la flambée des prix de l’immobilier ; or, c’est une commune où le prix des biens est déjà beaucoup plus élevé qu’ailleurs. Est-t-elle condamnée à être une commune de retraités et de nantis où la population va baisser, en décalage avec ces autres communes ? Nous connaissons aussi un afflux de population, mais bien différent de celui de Schaerbeek ou d’Anderlecht : 40 % des habitants de Woluwe-Saint-Pierre sont des Européens non-Belges et cette proportion croît. Si c’est une richesse formidable, au sens socio-culturel, c’est aussi un double challenge, en termes d’intégration à la vie locale et en termes de logement pour la classe moyenne bruxelloise, car cela pousse à la hausse le prix de l’immobilier qui, en effet, est déjà élevé. Pour l’intégration, nous proposons des activités culturelles et veillons à promouvoir l’apprentissage des langues dans le cadre d’animations de quartiers. Pour le logement moyen, des constructions sont à l’étude ou en projet. Par ailleurs, nous encourageons des formules originales qui se sont développées ici, comme les N°10 - DÉCEMBRE 2014 - ENTREPRENDRE Pagina 9
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