ENTREPRENDRE Les compétences d’abord ! Chez DiversiCom, la philosophie est de faire engager une personne pour sa compétence et non par générosité. Marie-Laure Jonet : « On part toujours de la compétence recherchée – que ce soit des diplômes universitaires ou une efficacité à toute épreuve pour monter des meubles Ikea, peu importe – et de la personnalité. Les personnes handicapées ont souvent des personnalités très fortes. Leur handicap les a forcées à sur-développer certaines aptitudes qui peuvent devenir des valeurs ajoutées en entreprise ». proche personnalisée et cherchons les réponses spécifiques aux besoins de la personne », précise Marie-Laure Jonet. Six mois après son lancement, l’association accompagne déjà 40 candidats. « Pour faire connaître nos services, nous collaborons avec les bureaux d’aide aux étudiants handicapés des universités et avec des associations qui interviennent sur d’autres aspects de la vie, comme le logement, le transport, les loisirs... Enfin, le bouche-à-oreille fonctionne très bien », ajoute Eléonore Snoy. L’association propose aussi ses services aux entreprises qui souhaitent favoriser la diversité et ouvrir leurs postes à des candidats handicapés. « Bien souvent, les entreprises ont envie de s’engager dans cette voie, mais elles ne savent pas comment s’y prendre », reprend Marie-Laure Jonet. Le rôle de l’association est alors de les conseiller aux différentes étapes du recrutement. Cela va du plan d’action et de la présentation de candidats aux aménagements (durée de contrat, horaires, mentoring, matériel adapté…), à l’analyse des risques, en passant par la demande de primes à l’emploi et la sensibilisation en interne. « À ce stade, nous avons formé 22 employeurs, créé 16 ‘matchings’ ayant donné lieu à un projet professionnel et élaboré des plans d’action pluriannuels pour deux entreprises. » Préparer les futurs collègues est primordial. Il n’est pas toujours facile de savoir comment réagir face au handicap, d’autant que celui-ci peut prendre beaucoup de visages différents. On pense naturellement à la chaise roulante, mais le handicap est le plus souvent invisible (surdité, autisme, maladie invalidante…). Une personne autiste, par exemple, peut être très directe dans ses propos car elle ne dispose pas du « filtre social » généralement attendu. Rien ne servirait de s’en formaliser. Parler la main devant la bouche empêche la personne sourde de lire sur les lèvres ; bouger la chaise roulante d’une personne à mobilité réduite sans son accord peut être mal reçu. « Nous constatons aussi que responsabiliser les collègues a un impact positif sur le ‘team spirit’. Tout le monde relativise un peu ses bobos et ses soucis. Il y a un esprit beaucoup plus solidaire, une envie de se recentrer sur l’humain et sa part de fragilité », témoigne Eleonore Snoy. Le candidat doit pouvoir présenter son handicap de façon honnête et réaliste, avec ses limites. Mais surtout, il doit mettre en avant les qualités et compétences qu’il possède : « Nous suivons des personnes non voyantes qui ont développé une oreille et une mémoire incroyables, cumulant les diplômes et parlant jusqu’à six langues. Nous avons créé la rencontre entre un jeune diplômé de l’École d’Hôtellerie de Lausanne, qui a récemment perdu la vue, et le patron d’une start-up de location d’appartements incluant un service d’hôtellerie. Autre exemple, un jeune autiste peu qualifié a une compétence unique : il connaît le réseau de la STIB par cœur ainsi que son historique et ses horaires ! Son rêve était d’y tenter un stage. Nous espérons l’obtenir grâce à l’accueil favorable de la STIB. Beaucoup d’autres attendent de trouver leur place. C’est passionnant de les y aider ! » De façon plus générale, toute personne qui surmonte un handicap est mentalement formatée à la recherche de solutions. Elle ne se laisse pas décourager et a une très grande capacité d’adaptation. Engager une personne handicapée permet parfois de trouver la perle rare… Next steps « Il y a six mois, nous n’imaginions pas que le projet serait à un tel point porté, tant par les candidats que l’on suit que par les entreprises qui nous font confiance. Sans parler de nos précieux premiers partenaires publics et privés, sans qui DiversiCom n’aurait pu voir le jour ! Pour pérenniser le projet, les défis, notamment financiers, sont encore nombreux. Mais les portes s’ouvrent et nous avons très envie d’y croire », concluent les deux femmes. ● Info : www.diversicom.be. Quelques chiffres : • 1 famille sur 4 est touchée par le handicap en Europe. • Dans 80 % des cas, le handicap survient dans le courant de la vie. • 15 % : le nombre des personnes en situation de handicap et en âge de travailler en Belgique. • 35 % : le taux d’emploi des personnes handicapées travaillant en Belgique. • 41 % : le nombre de personnes handicapées belges inactives qui s’estiment aptes à travailler. • 91 % : le taux d’entreprises belges satisfaites de leurs collaborateurs handicapés. BECI - Bruxelles métropole - juin 2015 45 Pagina 46

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