Le marché de l’électricité décodé TOPIC L'électricité fait l'objet d'un marché spécialisé, où elle est vendue et achetée avant même d'être produite, transportée et livrée. En Belgique, il est supervisé par la CREG (banden-concurrent.nl/">autorité de régulation fédérale). Différents types de transactions coexistent : en bourse (Belpex pour la Belgique), entre partenaires directs (producteur et fournisseur) ou encore via les transactions d'importation et exportation. Il existe trois marchés spécifiques: ◗ Forward Market ou « marché à long terme » : l'électricité y est négociée jusqu'à trois ans avant livraison. Ce marché draine la majorité des achats, ce qui explique en partie le décalage observé entre les prix des combustibles et la facture finale. ◗ Day Ahead Market (DAM, veille de la livraison physique) : il permet aux opérateurs d'optimiser le « mix énergétique » en fonction des prévisions de la demande. Le DAM permet aussi d’optimiser le parc de production au niveau de toute la zone CWE (Central West Europe), pour autant qu'il y ait assez de capacité d'interconnexion disponible, et favorise la convergence des prix entre pays limitrophes. ◗ Continuous Intraday Market (CIM, marché du jour de livraison) : l'électricité y est négociée jusqu'à cinq minutes avant la livraison physique. Il permet d’ajuster l’offre à la demande et de répondre à tout imprévu (technique, météorologique, autre), préservant ainsi l’équilibre du réseau. Les réseaux de transmission (GRT) et de distribution (GRD) doivent toujours rester en équilibre. Les surcharges éventuelles (déséquilibres demande/ offre) peuvent avoir des conséquences lourdes, allant jusqu’au black-out. Pour faire face au risque de pénurie, Elia, le GRT belge, peut acquérir des capacités de réserves – moyennant des frais de réservation. Mais il doit aussi payer des frais d'activation au moment où il utilise réellement ces réserves. Des centrales qui ferment Par ailleurs, la faiblesse actuelle des prix des combustibles a des effets pervers : elle pèse sur la rentabilité des centrales, qui ferment partout en Europe. Les capacités de production sont en recul, ce qui accroît la dépendance énergétique de l’Europe et les risques de délestage. Autre paradoxe : alors que l’Europe veut réduire ses émissions de CO2 , les fermetures touchent surtout les centrales au gaz ou gaz-vapeur, qui sont les moins émettrices mais les moins rentables, voire même les centrales à biomasse. Ainsi, Electrabel et son partenaire AvH n’excluent pas la fermeture de Max Green, à Gand. Conséquence : le charbon, moins cher, reprend des parts de marché. Max Green, ancienne centrale au charbon convertie à la biomasse en 2011, risque bien de fermer faute de rentabilité. Les politiques de sortie du nucléaire dans plusieurs pays – dont surtout l’Allemagne – entraînent le même effet : les émissions de CO2 augmentent... En Belgique aussi, où le « mix énergétique » est caractérisé par une forte présence du nucléaire (46 % de la production domestique), les banden-concurrent.nl/">autorités ont choisi la voie de la sortie en programmant les arrêts de Doel 1 et 2. Problème : l’arrêt temporaire de Doel 4 d’abord, puis la découverte de défauts dus à l’hydrogène à Doel 3 et Tihange 2, ont encore réduit la production. Dans une situation aussi tendue, à capacité réduite, le moindre élément prend des proportions démesurées : l’arrêt de Tihange 3 pour un entretien programmé, fin mars, a provoqué une envolée des prix en Belgique, alors même que, dans les pays voisins, les prix baissaient en suivant la courbe du pétrole ! Prévisions à la hausse Mauvaise nouvelle pour le consommateur : aucun élément ne permet d’espérer une baisse de la facture à court ou moyen terme, au contraire. La faiblesse actuelle des prix du pétrole ne devrait pas durer, d’autant que la situation économique s’améliore, entraînant une reprise de la demande : les analystes le voient remonter à près de 70 dollars d’ici la fin de l’année. Sur le marché du gaz, la douceur de l’hiver 2015 en Europe a modéré la demande, mais l’incertitude prévaut. Les relations politiques conflictuelles avec l’État russe font peser une menace latente sur les réserves stratégiques européennes – il faut donc espérer que l’hiver 2016 soit clément, à son tour… Au niveau belge, enfin, rappelons que la réduction de la TVA à 6 % est temporaire. À moins d’une décision en sens contraire, elle devrait repasser à 21 % en mars 2016. Par ailleurs, les intercommunales – dont celles du secteur énergétique – vont désormais être imposées. Plusieurs gestionnaires des réseaux de gaz et d’électricité ont déjà fait savoir qu’ils répercuteraient cette charge fiscale dans leurs tarifs. Pour diminuer les coûts énergétiques, il serait nécessaire d’agir à plusieurs niveaux : assurer la sécurité d’approvisionnement (quitte à revoir la politique nucléaire), investir dans l’infrastructure, investir dans les énergies renouvelables et les technologies qui s’y rapportent et, last but not least, se pencher sur les coûts de réseau et aux charges qui y sont liés. ● BECI - Bruxelles métropole - juin 2015 39 © AvH Pagina 40
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