TOUR DES COMMUNES À MI-MANDAT Molenbeek veut aller de l'avant BECI poursuit son tour des communes bruxelloises, trois ans après avoir proposé sa « Charte communale » aux partis politiques. Ce mois-ci, nous avons rencontré Françoise Schepmans, la bourgmestre d’une commune bien injustement malmenée. Propos recueillis par Didier Dekeyser F rançoise Schepmans n'a pas mérité de voir sa commune maltraitée dans la presse du monde entier, et sa commune n'a pas mérité d'être mise à l'index, notamment par le monde économique. Mais cela n'empêche pas cette femme dynamique de proposer malgré tout un plan d'action pour l'économie et l'emploi local. À mi-mandat, un point des actions entreprises. Une bonne gouvernance est un élément clef du succès d'une entreprise, d'une commune aussi. Avez-vous amélioré ce qui était autrefois décrit comme opaque ? Une bonne gouvernance est essentielle à mes yeux, car je suis fondamentalement démocrate. Je prône la transparence et j'entends travailler dans un climat de collaboration avec ceux qui partagent la charge de gérer cette commune. De plus, à l'opacité dont vous parlez, je veux opposer l'éthique, ce qui recouvre par exemple, dans mon chef, de veiller à la juste représentation des divers groupes politiques dans les toutes les instances communales. J'ai aussi fait rédiger une charte éthique, acceptée par les membres du collège, qui s'engagent à rediriger les demandes des citoyens vers les services compétents et à éviter ainsi l'individualisation du traitement des cas. Les événements récents n'ont-ils pas mis à mal votre plan de relance de la commune ? Il n'y a pratiquement plus de demandes d'informations quant à une éventuelle implantation d'entreprise étrangère sur notre territoire, qui offre pourtant espace, main d'œuvre et nœuds de communication développés. Nous misions aussi sur les nombreux atouts de Molenbeek pour attirer des touristes en dehors des sentiers battus de la Grand-Place ; vous pouvez comprendre que ce n'est plus opportun pour l'instant... Les événements récents nous ont fait un tort considérable, oui. Ce n'est pas pour autant que nous baissons les bras car les besoins d'emplois par la population demeurent. Elles sont même un enjeu régional vu l'ampleur du phénomène: 36% des jeunes de moins de 25 ans n'ont pas de travail à Molenbeek ! C'est un problème économique majeur, mais plus encore social. Loin de la stigmatisation de profiteurs qui préfèrent percevoir une allocation quelconque plutôt que travailler, la situation recouvre pour beaucoup un grand désespoir de ne pouvoir accéder à une vie sociale normale, de sortir de la précarité (n'oublions pas qu'un revenu d'assistance permet à peine de payer un loyer et de se nourrir), d'ajouter la discrimination de la pauvreté à celle des origines, etc. La discrimination à l'embauche est-elle réelle et participe-t-elle à ce haut taux de chômage? Nous disposons d'une main d'œuvre jeune, forte, et il y a des emplois non pourvus à Bruxelles et alentour. Cette population est aussi majoritairement sous-qualifiée, mais cela n'explique pas tout : en fin de chaîne, quelle que soit l'entreprise, il y a nécessairement du travail qui n'exige pas de qualification. Les modèles d’entreprises qui conquièrent aujourd'hui les villes sont à haute valeur ajoutée, ce qui exige tout de même beaucoup de travailleurs qualifiés, voire spécialisés. Que faitesvous localement pour pallier ce problème? Il y a un déficit de formation, c’est un fait. Nous dispensons même des cours d'alphabétisation. À notre niveau, nous tentons d'y pallier, en soutenant par exemple la formation en alternance qui donne de bons résultats. D'une façon générale, nous poussons les échanges et partenariats écoles-entreprises, comme c'est le cas dans le secteur de l'hôtellerie, car il faut d’une part BECI - Bruxelles métropole - avril 2016 11 Pagina 12

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