SPEAKER’S LE MOIS ÉCONOMIQUE DOWNTON ABBEY À y regarder de près, un grand domaine agricole du siècle passé se gérait comme une PME traditionnelle. Mais ce monde-là passe, et avec lui « les codes établis qui organisent les entreprises ». | Jean Blavier Les fans de Downton Abbey ont-ils noté qu’il y a plus de points communs entre le personnage principal de la série, Robert Crawley, comte de Grantham, et un patron de PME traditionnelle, qu’entre ce dernier et un créateur de startup ? Non ? Regardez ce qu’en dit Wikipedia : « Les startups ont une façon de travailler très particulière (…) par rapport aux codes établis qui organisent les entreprises. » Convaincu ? Toujours pas ? Allons-y. Le comte de Grantham gère son domaine comme on gère une PME. C’est même un bon patron, humain et tout et tout. Il fait venir sa cuisinière (qui tremble comme une feuille) : « Je constate que votre vue baisse... » Réponse : « Yes, milord » (toujours en tremblant because problème de santé = grosses larmes humides mais surtout licenciement sec). Silence. Puis, surprise : « Je vais vous envoyer chez mon spécialiste à Londres. » Je vous passe les « Oh non, il ne faut pas, milord... », mais il faut être d’une mauvaise foi crasse pour ne pas admettre que ce que Wikipedia appelle « les codes établis qui organisent les entreprises » n’ont que peu changé au fil du temps. Votre serviteur a vu, de ses yeux vu, des salariés trembler lorsqu’ils étaient appelés chez le (même pas trop grand) patron : « Qu’est-ce qu’il me veut ? » Au retour : « En fait, il a remarqué que j’étais fatigué(e) et il se demande ce qui se passe... » (énorme soupir de soulagement). Les codes établis, émanations des relations pyramidales entre chef et subordonnés (les upstairs et les downstairs de Downton Abbey), volent en éclats. Cela se voit tous les jours. Regardez comment fonctionne MyMicroInvest, la plateforme de crowdfunding, qui a décidé de se financer elle-même par... crowdfunding. Toute seule. Comment ne pas être baba devant cet entrepreneur bruxellois qui a lancé une appli mettant en relation des fanas de la cuisine et des geeks affamés, avec un succès tel qu’il a fait l’objet d’un reportage au 20 h de France 2 (5 millions de téléspectateurs, s’il vous plaît) ? Que dire de cet homme d’affaires étranger (mais c’est quoi, un étranger ?) qui a créé son entreprise à Bruxelles, qui l’a revendue et qui, au départ simple sponsor d’un club de foot, en devient le président et ouvre une école pour donner un avenir à des jeunes en perte de repères ? Par contre, aujourd’hui encore, dans la PME de matériel technique à laquelle je pense, l’épouse du fondateur reçoit les représentants avec un café et une couque, exactement, si ce n’est le thé et son nuage de lait, comme la comtesse douairière de Downton Abbey. L’expression « Tout change, même le changement » provoque chez certains une migraine immédiate. Mais ouvrez les yeux, tendez l’oreille, humez le vent. Tout change dans les entreprises, mais aussi dans les villes et dans l’économie mondiale. La journaliste Anaïs Sorée a provoqué un beau tumulte en écrivant le mois passé, en une de L’Echo, que la fermeture des tunnels Cinquantenaire et Léopold II était envisagée. Crazy ? Pas tant que ça, vu que « personne n’aurait imaginé qu’on allait un jour démolir le viaduc Reyers ». Les États-Unis ont augmenté leurs taux d’intérêt en décembre dernier. C’était prévu, annoncé et même programmé depuis pas mal de temps. Les économistes le savent bien (pour autant que ce soit encore correct), une hausse des taux, ça ne sert à rien s’il n’y en a pas plusieurs qui suivent. OK, la communauté financière, les marchés, les traders s’attendent à la suite : + 0,25 point de trimestre en trimestre par exemple. Eh bien non, à l’heure où j’écris ces lignes, il est question que la première économie mondiale fasse machine arrière et... revoie ses taux à la baisse. À moins qu’elle ait décidé entre-temps de re-revoir son attitude. Les codes établis, c’est fini et bien fini. ● CORNER Créez votre entreprise en 45 min. chrono ! Rendez-vous personnalisé et gratuit à notre guichet d’entreprise au J Numéro d’entreprise J TVA J Caisse d’assurances sociale 02 643 78 09 J Mutuelle J Assurances www.beci.be/guichet BECI - Brussels Business - novembre 2015 5 Pagina 6
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