THINK TANK TRIBUNE La politique bruxelloise, vue de l’opposition Voilà bientôt 18 mois que le gouvernement Vervoort II a prêté serment. L’heure est à un premier bilan de la politique régionale, pour lequel nous avons donné la parole aux chefs de file de l’opposition au Parlement bruxellois, MR, Écolo et N-VA. Adrien Dewez et Annick Claus Vincent De Wolf (MR) : « Le tax shift bruxellois est une occasion manquée » Le gouvernement a entamé une série de réformes fiscales. Comment les jugez-vous ? Nous sentons clairement la patte libérale dans le tax shift bruxellois et c'est positif, notamment pour deux mesures que nous soutenons depuis longtemps : la suppression de la taxe régionale de 89 euros et celle de l'agglo. Sur la fiscalité immobilière, la fin du bonus logement et l'augmentation de l'abattement à 175.000 euros vont pousser à l'achat de maisons anciennes ; le bâti neuf deviendra inabordable. De plus, ce changement n'est intéressant qu'au début : à l'achat, il permet une économie de 12 ou 13.000 euros. Mais cette somme ne compense pas les 30.000 euros que l’on gagnait auparavant en déductibilité fiscale sur un emprunt de 20 ans. Au final, le Bruxellois perd grosso modo 20.000 euros sur 20 ans… Ce tax shift était l'occasion de repenser la fiscalité dans son ensemble, en matière de bâtiments neufs, de droits de succession et d’entreprises... C'est une occasion manquée. En matière de mobilité, le métro va être prolongé vers le nord. Une bonne chose ? Il y a des villes où l'banden-concurrent.nl/">automatisation du métro existe depuis trente ans. Cette technologie permet de doubler la capacité de transport des voyageurs. Ici, le projet a été postposé ; il coûte trop cher apparemment. Nous proposons depuis longtemps que la STIB élargisse ses sources de financement, notamment via les partenariats public-privé ou avec des solutions inventives, telles qu’une mobilisation de l'épargne des Bruxellois. Et rien ne se passe. Vous savez, aujourd'hui, des morceaux de plafond tombent des tunnels, comme au Léopold II ou à Rogier… Nous pouvons résumer l'action du ministre de la mobilité en un exemple : jusqu'à présent, Pascal Smet n'a déposé aucun projet d'ordonnance en plus d'un an. Rien. Comment évaluez-vous la politique de l'emploi ? Il est vrai qu’on observe une baisse du chômage, mais ce n'est pas le fait du gouvernement. Il s'agit d'une tendance conjoncturelle qui se manifeste dans toute la Belgique. À Bruxelles, la situation demeure catastrophique : 102.000 chômeurs et un tiers de la population sous le seuil de pauvreté. Quand le gouvernement dit qu'il a affecté 500 millions d'euros à l'emploi, c'est vrai et faux à 10 BECI - Bruxelles métropole - janvier 2016 Vincent De Wolf la fois. Il s'agit principalement des transferts de compétences héritées de la réforme de l'État et des moyens qui arrivent avec elle. L’augmentation réelle des moyens est plutôt de l'ordre de 4 %. Le problème réside dans les qualifications des jeunes. Nous, nous proposons d'axer la politique de l'emploi sur trois priorités : l'apprentissage linguistique obligatoire pour tous les chômeurs (avec des cours adaptés au niveau de chacun), la formation et un coaching individualisé. Sur ce dernier point, nous n'inventons rien. La formule existe notamment en Allemagne, où elle fonctionne très bien. Le gouvernement va créer une nouvelle agence pour le tourisme. Oui, mais le tourisme, c'est principalement le secteur privé qui s’en occupe ! Aujourd'hui, Bruxelles totalise 7 millions de nuitées en un an, soit une augmentation de 40 % sur quatre ans. L'horeca et la culture sont importants dans le secteur touristique, qui peut engager et former des jeunes sans qualification. La nouvelle agence hébergera finalement un comité stratégique composé de représentants de ces secteurs, mais qui ne pourra rendre d’avis contraignant pour le conseil d'administration que si cet avis est unanime ! Nous ne comprenons pas cette décision ; on ne réussit une politique touristique qu'avec le secteur privé. Enfin, on n’entend plus parler du Plan Canal… Beaucoup de temps perdu et beaucoup d'erreurs. Avec ce plan, on a eu droit à de grandes déclarations, une présentation au Mipim, de grandes dépenses et puis… plus rien ! Selon nous, le canal est le poumon économique de la capitale. Il faut parvenir à une mixité entre logements et industries. Évitons la politique qui crée des ghettos. Pagina 11

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