TOPIC L’ENTREPRISE AU 21e SIÈCLE Paul Dewandre : « Je ne fais plus la distinction entre travail et vie privée ! » En adaptant le spectacle « Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus », issu de l’ouvrage de John Gray, Paul Dewandre s’est fait un nom. Entrepreneur chevronné qui géra dans une autre vie une compagnie aérienne, cet observateur éclairé de notre société évoque une thématique en vogue dans le monde entrepreneurial : l’articulation entre la vie privée et le travail. David Hainaut I ngénieur de gestion diplômé de l’UCL et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires à Columbia, Paul Dewandre a aujourd’hui pris ses aises dans le sud de la France. Ce qui ne l’a pas empêché, cet été à Malmedy, de donner une conférence-débat banden-concurrent.nl/">autour de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Bruxelles Métropole : Selon votre expérience, de quoi se plaignent le plus familles et travailleurs aujourd’hui? Paul Dewandre : Je ne vous apprendrai sans doute pas grand-chose en vous disant que la frontière entre vie professionnelle et familiale devient parfois très floue, avec des heures supplémentaires de plus en plus compliquées à quantifier. L’apparition des nouvelles technologies a perturbé pas mal de ménages et engendré un surplus de stress. Cela rejaillit forcément dans une vie de couple. C’est pourquoi il est important de bien communiquer entre nous pour identifier ces problèmes et bien les saisir. Alors, on pourra envisager l’une ou l’autre solution. Comme… ? La généralisation du télétravail est par exemple une très bonne chose. La flexibilité du temps de travail s’améliore, elle aussi : le temps où l’employé devait tout le temps être présent et actif au bureau pour justifier de sa qualité est révolu. C’est paradoxal, mais cela a été prouvé : une liberté dans les horaires s’avère souvent bénéfique. Et puis, cela peut paraître anodin, mais il ne faut jamais oublier de s’évader. Moi, c’est en faisant du sport que je me suis complètement requinqué, à un moment où je ne savais plus très bien vers où aller professionnellement ! Que peuvent faire les employeurs ? Mettre en place quelques règles, fixer des limites, par exemple ne pas multiplier les réunions trop fréquentes et tardives, oublier un peu les échanges d’e-mails le weekend… Offrir l’un ou l’autre service à ses employés. Et puis là encore et surtout, en parler, sans nécessairement se 26 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2015 dire qu’on va être intrusif dans la vie des travailleurs. À l’heure actuelle, c’est une nécessité. Mais je pense qu’il y a une prise de conscience générale à ce niveau. Pour garder leurs meilleurs employés, les entreprises savent que le bien-être est de plus en plus recherché. Empêcher un employé d’aller sur les réseaux sociaux pendant la journée est souvent vain ; on doit lui laisser une certaine latitude. Si un climat de confiance est instauré, cela ne pourra être que donnant-donnant. Vous-même, vous vous sentez parfois concerné ? Maintenant, plus du tout ! Avec le temps, j’ai appris à mieux me connaître, à surtout savoir ce que je ne voulais plus. J’ai changé radicalement d’orientation professionnelle en devenant un saltimbanque et en prenant quelques risques indispensables pour bien rebondir. Cela a été salvateur ! Idem pour mon épouse, qui a elle aussi complètement basculé. C’est d’ailleurs, j’y reviens, en communiquant énormément que nous avons réfléchi à ce que nous voulions faire de notre vie. Aujourd’hui, comme nous vivons chacun de nos passions, nous sommes comblés et n’avons même plus le sentiment de travailler. La distinction n’existe plus ! C’est à peine si nous prenons des vacances… Vous pensez que n’importe quel employé peut ainsi changer de voie ? En tout cas, certainement beaucoup plus qu’on ne le pense. Pas mal de travailleurs sont nés pour créer, entreprendre, innover mais n’osent simplement pas se lancer. De peur, parfois, de quitter un environnement d’apparence confortable pour se retrouver seul. Or, il n’y a aucun mal à cela : tout le monde n’est pas fait pour travailler pour un patron et le jeu peut, à terme, franchement en valoir la chandelle. On peut se lancer en solo, trouver son bonheur et gagner beaucoup mieux sa vie que dans une entreprise qui vous emploie – même si l’argent ne doit jamais être la seule motivation. Je l’ai toujours dit, les plus belles aventures restent avant tout humaines ! ● Pagina 27

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