SPEAKER’S LE MOIS ÉCONOMIQUE LE LOUP EST DANS LA BERGERIE La crise ronge, mutile, tue. Avec la complicité parfois de ceux qui devraient la combattre. | Jean Blavier Depuis l’an passé, 100e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale (9 millions de morts, c’est pour ça sans doute qu’il faut des majuscules), en attendant le mois prochain le 200e anniversaire de la bataille de Waterloo (12.000 morts, une paille), en passant par le 70e anniversaire de la libération des camps (mieux vaut ne pas avancer de chiffres) et le 100e - quelle est la différence d’ailleurs ? Qui va commémorer le souvenir de toutes ces vies détruites depuis 2008 ? Je vous le demande parce que je sais que nous tous, vous comme moi, nous ne pouvons que répondre : personne. Le loup est dans la bergerie, et tant que ce n’est pas à nos jarrets qu’il s’attaque, on fait comme si. anniversaire de la bataille des Dardanelles (100.000 morts), les funèbres jubilés se bousculent, mais il en est un bien plus insidieux dont personne ne parle : combien de victimes de la crise économique depuis 2008 ? Combien de pères de famille mis au rancart et combien de jeunes, même diplômés, qui rament pour trouver un premier job digne de ce nom ? Combien de ménages brisés parce qu’ils n’arrivent plus à payer leur prêt hypothécaire (45.000 victimes) ou leurs ouvertures de crédit (200.000 victimes) ? Vous allez dire : « la guerre, les camps, c’est pas pareil ! » Si. Le matin du jour où j’ai rédigé ces lignes, on annonçait à la radio que 400 réfugiés en provenance d’Afrique s’étaient noyés 48 h plus tôt quand leur embarcation a chaviré en Méditerranée. A votre avis, s’ils tentaient de gagner la côte italienne, c’était pour faire du bronzing ? La crise économique ronge les cerveaux, mutile les avenirs, quand elle ne tue pas en silence ou dans l’indifférence générale Sont-ils devenus fous ? On est en droit de se poser deux questions essentielles, qui ont un lien avec ce qui précède évidemment. La première : les dirigeants de multinationales sont-ils devenus fous ? Ou pire, faut-il être fou pour devenir le dirigeant d’une de ces boîtes meurtrières ? Je sais, j’exagère, mais il y a un mois à peine, un ami quinquagénaire dont on peut dire sans flagornerie qu’il avait créé de la valeur et des emplois dans notre pays pour le compte d’un groupe financier mondial, s’est fait remercier, et tous ses employés avec lui, parce que « le marché belge n’est plus assez intéressant ». Il coûte ? Non, il n’est plus « assez » intéressant. Deuxième question : que fait la police ? Il ne se passe pas un mois sans que nos banden-concurrent.nl/">autorités fédéralo-régionalo-communautaires ne clament haut et fort que les diplomates, aujourd’hui, sont d’abord les occupants des avant-postes de notre économie. Qu’attend-on pour leur demander d’organiser un guet-apens, question d’envoyer un ministre – il n’en manque pas – enguirlander un bon coup ces E.T. qui rentrent chez eux le soir et répondent « OK » à madame qui s’enquiert du déroulement de la journée alors qu’ils ont plongé des dizaines de familles dans la mouise ? Quand on s’attaque ainsi à l’économie d’un pays, on ne mérite qu’une chose : être déclaré persona non grata. Voilà un briefing de voyage de presse qui attirerait du monde : rendez-vous à la gare du Midi à 8 h, engueulade publique de Monsieur Untel à 11 h à l’ambassade de Belgique, lunch décontractant, retour à Bruxelles dans l’après-midi. Embargo minuit, question que tout soit dans la presse – avec photo – dès le lendemain matin. Puisque les victimes économiques n’intéressent pas grand monde, pourquoi ne pas célébrer au moins les héros au quotidien que sont ces patrons d’entreprises mini, midi ou maxi, qui créent de la valeur et de l’emploi contre vents et marées et osent – pas en paroles, mais en actes – faire vivre l’éthique des affaires ? Eux au moins gardent bien la bergerie, ne jouent pas au loup et savent, comme disait ma grand-mère, « qu’il y a des choses qui ne se font pas ». Sire, sans vouloir vous commander, ces gens-là mériteraient tous d’être reçus au Palais. ● Créez votre entreprise en 45 min. chrono ! Rendez-vous personnalisé et gratuit à notre guichet d’entreprise au J Numéro d’entreprise J TVA J Caisse d’assurances sociale CORNER 02 643 78 09 J Mutuelle J Assurances www.beci.be/guichet BECI - Brussels Business - janvier 2015 5 Pagina 6
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