TOPIC Quel avenir pour les soins résidentiels ? SILVER ECONOMY Dans les années à venir, les maisons de repos et de soins à Bruxelles seront-elles en mesure d'accueillir toutes les demandes ? Et ce, à un tarif abordable ? Les politiques s'accordent, à l'heure actuelle, à privilégier les solutions de soins à domicile, le passage en institution devenant une étape à n'envisager qu'en dernier recours. En parallèle, la tendance est au remplacement des places en maison de repos pour personnes âgées (incapacités mineures) par des places en maison de repos et de soins (incapacités lourdes). Vincent Delannoy C ommençons par quelques chiffres. En Région bruxelloise, on dénombre quelque 15.000 « lits », dans une proportion d’un tiers de lits MRS (maisons de repos et de soins) et de deux tiers MR (maison de repos). Par rapport à la population totale, le taux de couverture en Région bruxelloise est nettement supérieur à celui des deux autres Régions. Sur 100 personnes de plus de 80 ans, il y a 30 lits à Bruxelles, 26 en Wallonie et 20 en Flandre. En revanche, là où la Flandre et la Wallonie développent une offre de lits en court séjour ainsi que des places de soins de jour, l'offre bruxelloise reste très limitée. Qui sont les acteurs des soins résidentiels à Bruxelles ? Viennent en tête le privé commercial (62 %), suivi par les CPAS (24 %) et le privé sous statut d'asbl, une répartition qui n'a quasiment pas changé au cours de ces 20 dernières années. Une particularité bruxelloise est la présence plus importante de résidents de moins de 65 ans (presque 8 %). Par contre, les soins à domicile sont le moins développés à Bruxelles : par comparaison, les plus de 65 ans les utilisent deux fois plus en Flandre. Sur la période 2010-2030, c'est à Bruxelles que l'augmentation de la demande de soins résidentiels sera la moins importante, de l'ordre de 15 %, contre 35 % en Wallonie et presque 60 % en Flandre. Cela ne signifie évidemment pas que Bruxelles ne sera pas affectée par les conséquences du vieillissement de la génération du baby-boom. Cellesci devraient se faire davantage sentir à l’horizon 2025. Actuellement, le thème du nombre de places en soins résidentiels à Bruxelles (et donc de son financement) est intimement lié à la 6e réforme de l’État qui prévoit un transfert de dotations, avec un système transitoire, permettant le basculement d’une institution relevant du secteur mono communautaire (Cocof pour les francophones, VGC pour les néerlandophones), vers le secteur bicommunautaire, la Cocom. Au terme d’une période transitoire qui s’achève au 31 décembre 2017, la gestion du financement des soins en maison de repos sera entièrement aux mains des entités fédérées. Source données démographiques sur les soins résidentiels à Bruxelles : Karel Van den Bosch, Bureau du Plan. Concernant le budget 2015 pour le financement des soins en MRS, la Cocom reçoit 200 millions d’euros. Environ 80 % de ce montant finance le forfait de soins qui couvre les soins en maison de repos et donc le personnel infirmier, soignant, kiné. À cela s’ajoute un budget évalué à 59 millions servant à financer le basculement d’institutions vers la Cocom. Parmi ces 200 millions, 11 millions vont être absorbés par la création de 1.300 lits supplémentaires (car la clé de répartition de la dotation ne tenait pas compte des lits futurs). Parmi les coûts à supporter, il faudra aussi tenir compte de la mise aux normes des MR et MRS. Pour les institutions qui dépendent des CPAS, une récente étude indique que les dépenses d’exploitation relatives aux MR et MRS atteignent 143 euros par habitant en moyenne, et les recettes 121 euros par habitant, le différentiel représentant un solde à financer. À noter que, face au vieillissement annoncé, de nouvelles formules d’habitat, innovantes, voient le jour pour répondre à des besoins nouveaux : les maisons communautaires, les maisons Abbeyfield, les formules intergénérationnelles... Bien entendu, le développement des soins à domicile et des prises en charge pour des courts séjours à Bruxelles doit aussi permettre, à terme, de « désengorger » les places en MR et MRS. C’est, en tout cas, la tendance qui se dessine. ● 20 BECI - Bruxelles métropole - mai 2015 Pagina 21

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