SILVER ECONOMY Bruxelles et la Belgique vieillissent : la bonne et la mauvaise nouvelle Depuis des décennies, les démographes évoquent l’« hiver démographique » et la dénatalité qui touchent l’Europe. D’où la modification de la pyramide des âges, qui oblige à repenser le système de sécurité sociale. En effet, le vieillissement de la population et l’allongement de l’espérance de vie entraînent une explosion des dépenses publiques. Chaque année, une part croissante de PIB sert à financer ce vieillissement. Mais il y a aussi une bonne nouvelle : ce phénomène est une opportunité pour la Silver Economy. Vincent Delannoy E n termes de finances publiques, le vieillissement d’une population entraîne un coût dont l’évidence n’est plus à démontrer (soins médicaux, charge des pensions, diminution du taux d’activité, etc.). Il n’en va pas de même au niveau sectoriel, bien au contraire. Quantités de biens et services peuvent émerger, répondre à de nouveaux besoins et même s’exporter. Comment ne pas penser, par exemple, au franc succès des téléphones mobiles adaptés aux seniors ? Cette « économie des seniors », liée à l’accroissement du nombre des « cheveux argentés », concerne tous les biens et services non-médicaux qui leur sont destinés. D’innombrables secteurs sont susceptibles d’être concernés : loisirs, tourisme, transport, alimentation, sécurité, aide à domicile, santé, logement, habitat collectif, assurance, assistance, robotique, téléphonie, internet, sport… Les cibles de la silver economy sont par définition les seniors. Ces derniers sont classiquement répartis en trois segments : les seniors actifs (encore au travail ou juste à la retraite), les seniors fragiles (septuagénaires ou octogénaires) ou les seniors dépendants. Une population qui croît numériquement et qui, généralement, possède un pouvoir d’achat nettement supérieur aux catégories plus jeunes. Ce « marché » global concerne 900 millions de personnes dans le monde actuellement, pour 2 milliards de personnes âgées de plus de 60 ans d’ici 2050. Quelles sont les activités qui dominent le marché de la silver economy ? D’après une récente enquête française, la moitié des acteurs développent des activités dans le Source données démographiques : IBSA domaine de l’accompagnement de la personne, un tiers sont actifs dans le marché de la prévention de la dépendance, un tiers également développent des services pour les aidants (ce qui nous fait plus de trois tiers, mais un même acteur peut évidemment être actif dans plusieurs domaines à la fois). Parmi les autres domaines d’activité, citons encore la nutrition, la sécurité, les loisirs, le mobilier, la distribution, la robotique, les ressources humaines, les finances, l’aménagement, l’habillement et les chaussures, les conseils... Environ 20 % des acteurs développent des activités dans la téléassistance, la santé et les technologies de l’information et de la communication (TIC). Un Belge sur cinq Sur le plan démographique, qu’en est-il exactement pour Bruxelles et la Belgique ? Par rapport à la Flandre (19 %) et à la Wallonie (17 %), Bruxelles (13 %) compte proportionnellement moins de seniors (+ de 65 ans), mais affiche un taux de personnes très âgées (+ de 85 ans) identique à celui des autres Régions, aux alentours de 2 %. Mais attention, d’ici 2030, le chiffre total de la population des plus de 65 ans va croître notablement : de 155.000 à plus de 180.000 à Bruxelles, de plus de 1,24 million à plus de 1,65 million en Flandre, de 630.000 à 840.000 personnes en Wallonie. Globalement, d’ici 15 ans, la catégorie des plus de 65 ans comptera environ 600.000 personnes supplémentaires – pour le dire autrement, elle passera de 17,7 à 22,6 % de la population : un marché non négligeable pour la silver economy en Belgique. ● 18 BECI - Bruxelles métropole - mai 2015 Pagina 19
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